"Malgré les grands progrés que je fais en allemand, il est clair que j'y suis venu trop tard, et que je ne parlerai jamais cette langue comme le français. Je ne le regrette pas trop". Michel Tournier, "Le Roi des Aulnes".

29 octobre 2006

Une réunion social-démocrate

Ceux qui n'ont jamais vécu de réunion interne au Parti Socialiste ne peuvent que difficilement comprendre ce que j'ai ressenti en me rendant, jeudi soir dernier, à ma première réunion du SPD.
En réalité, il ne s'agissait pas véritablement de la première fois. Entre le SPD et moi, il y avait déjà eu quelques réunions du groupe des Jusos à l'Université de Francfort en 1999, à 12 dans un placard à balai, et une assemblée des responsables des jeunes socialistes de la Hesse. Mes capacités de compréhension plus que limitées de l'époque avaient transformé ces moments en longues séances de mime Marceau.
Jeudi dernier, c'était un plus sérieux. L'affaire avait été repoussée en avril dernier, où j'avais manqué un rendez-vous du groupe local. La ville de Düsseldorf (environ 600.000 habitants) est divisée en Stadtbezirk, une dizaine d'arrondissement avec à leur tête un mini-conseil municipal (élu à la proportionnel, il va sans dire). Chaque Stadtbezirk est composé lui-même de quartier. J'appartiens au quartier Bilk, Stadtbezirk 03. Jeudi soir, l'assemblée des militants SPD du Stadtbezirk 03 était réunie pour parler Intégration.
Par email, comme chaque militant, j'avais reçu un document intitulé Integrationspapier résumant la pensée du groupe chargé de travailler sur le sujet. Je n'avais pas vraiment pris la peine de lire ce document de trois pages en arrivant sur le lieu de la réunion, une brasserie du quartier appelé "Haus Konen". Le concept est assez étonnant et plutôt efficace: la brasserie "prête" des salles de réunion aux associations et partis en échange des consommations de leurs membres. Le SPD du Stadtbezirk 03 avait réservé une salle avec des tables en U pouvant contenir à peine plus de 30 personnes. Les responsables ne semblaient guère optimistes sur la participation. Etant arrivé avec une demi-heure de retard, la plupart des militants était déjà attablée. La serveuse profita de mon arrivée pour s'engouffrer dans la salle avec moi et prendre une nouvelle tournée de commandes. Une vingtaine de sociaux-démocrates düsseldorfois débattaient tranquillement autour d'une ou plusieurs alt, la bière locale, de la question de l'intégration en Allemagne et plus précisément dans leur quartier.

Cela faisait bien un an et demi que je n'avais pas mis les pieds dans une réunion interne d'un parti politique. On oublie vite. C'est fou. J'ai assisté pendant plus de deux heures à un débat où il n'est en définitive rien ressorti, sinon que la définition de l'intégration englobe nécessairement le sort des femmes aux côtés des personnes handicapées et des émigrés.
J'ai longtemps cru avoir mal compris. L'acoustique de la salle était pourtant très bonne mais le bruit des chopes pouvait prêter à confusion par moment. Mais non, c'était bien écrit sur le document diffusé au préalable: la gente fémine était bien associée aux préoccupations social-démocrate en matière d'intégration. Alors... Le responsable de la réunion brandissait une page imprimée de l'article "Integration" du site allemand Wikipédia. Lequel énonce que l'intégration peut se définir comme "das Einbinden einer Minderheit in eine größere soziale Gruppe", en clair l'adhésion d'une minorité à un groupe social plus important.
Là, j'ai regretté de ne pas être bilingue.

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