"Malgré les grands progrés que je fais en allemand, il est clair que j'y suis venu trop tard, et que je ne parlerai jamais cette langue comme le français. Je ne le regrette pas trop". Michel Tournier, "Le Roi des Aulnes".

31 octobre 2006

Boris Palmer, roi de Tübingen

Vu cette brève dans le Süddeutsche il y a quelques jours: "Boris Palmer siegt in Tübingen". Boris Palmer est député régional écologiste du Bade-Wurtemberg, région frontalière de la France. Depuis 10 jours, il est Oberbürgermeister de Tübingen, petite ville universitaire au sud de Stuttgart où j'ai vécu deux mois il y a un an. Voici l'article en VO:

"Der Grünen-Landtagsabgeordnete Boris Palmer hat am Sonntag die
Oberbürgermeisterwahl im baden-würtembergischen Tübingen gewonnen. Der 34-Jährige erreichte nach dem vorläufigen Endergebnis überraschend im ersten Wahlgang mit 50,4 Prozent die erforderliche absolute Mehrheit der Stimmen.
Palmer wird damit der erste Grünen-Oberbürgermeister in der Universitätstadt.
Die bisherige Amtsinhaberin Brigitte Russ-Scherer (SPD) kam nur auf 30,2
Prozent. Sie hatte das Amt 1999 angetreten. Palmer wurde auch von Teilen der CDU
unterstützt, die nicht mit einem eigenen Kandidaten antrat. Die Wahlbeteiligung
betrug 51,6 Prozent."
Ah, hier, en rentrant en voiture, entendu une émission sur la WDR 5 évoquant les propos exhumés de Bourdieu sur Ségolène Royal. Les journalistes ne semblaient pas dupe du coup tiré par le propre camp socialiste sur sa possible future candidate. Ils s'étonnaient surtout qu'en France les hommes (et femmes) politiques soient toujours contraints de justifier de leur engagement et de leurs convictions politiques. Et de citer Royal, Fabius, etc. En Allemagne, on ne s'attarde en effet que très rarement sur les questions dites "de positionnement" et sur l'ancrage d'un tel à gauche ou les positions libérales d'un autre. Les carriéristes et opportunistes sont-ils moins nombreux outre-Rhin ? Sans doute pas. Les Allemands croient-ils encore à la politique alors ? Peut-être plus qu'en France. Et l'élection d'un jeune écolo dans une ville du Sud de l'Allemagne réputé à droite le montre assez bien.

29 octobre 2006

Une réunion social-démocrate

Ceux qui n'ont jamais vécu de réunion interne au Parti Socialiste ne peuvent que difficilement comprendre ce que j'ai ressenti en me rendant, jeudi soir dernier, à ma première réunion du SPD.
En réalité, il ne s'agissait pas véritablement de la première fois. Entre le SPD et moi, il y avait déjà eu quelques réunions du groupe des Jusos à l'Université de Francfort en 1999, à 12 dans un placard à balai, et une assemblée des responsables des jeunes socialistes de la Hesse. Mes capacités de compréhension plus que limitées de l'époque avaient transformé ces moments en longues séances de mime Marceau.
Jeudi dernier, c'était un plus sérieux. L'affaire avait été repoussée en avril dernier, où j'avais manqué un rendez-vous du groupe local. La ville de Düsseldorf (environ 600.000 habitants) est divisée en Stadtbezirk, une dizaine d'arrondissement avec à leur tête un mini-conseil municipal (élu à la proportionnel, il va sans dire). Chaque Stadtbezirk est composé lui-même de quartier. J'appartiens au quartier Bilk, Stadtbezirk 03. Jeudi soir, l'assemblée des militants SPD du Stadtbezirk 03 était réunie pour parler Intégration.
Par email, comme chaque militant, j'avais reçu un document intitulé Integrationspapier résumant la pensée du groupe chargé de travailler sur le sujet. Je n'avais pas vraiment pris la peine de lire ce document de trois pages en arrivant sur le lieu de la réunion, une brasserie du quartier appelé "Haus Konen". Le concept est assez étonnant et plutôt efficace: la brasserie "prête" des salles de réunion aux associations et partis en échange des consommations de leurs membres. Le SPD du Stadtbezirk 03 avait réservé une salle avec des tables en U pouvant contenir à peine plus de 30 personnes. Les responsables ne semblaient guère optimistes sur la participation. Etant arrivé avec une demi-heure de retard, la plupart des militants était déjà attablée. La serveuse profita de mon arrivée pour s'engouffrer dans la salle avec moi et prendre une nouvelle tournée de commandes. Une vingtaine de sociaux-démocrates düsseldorfois débattaient tranquillement autour d'une ou plusieurs alt, la bière locale, de la question de l'intégration en Allemagne et plus précisément dans leur quartier.

Cela faisait bien un an et demi que je n'avais pas mis les pieds dans une réunion interne d'un parti politique. On oublie vite. C'est fou. J'ai assisté pendant plus de deux heures à un débat où il n'est en définitive rien ressorti, sinon que la définition de l'intégration englobe nécessairement le sort des femmes aux côtés des personnes handicapées et des émigrés.
J'ai longtemps cru avoir mal compris. L'acoustique de la salle était pourtant très bonne mais le bruit des chopes pouvait prêter à confusion par moment. Mais non, c'était bien écrit sur le document diffusé au préalable: la gente fémine était bien associée aux préoccupations social-démocrate en matière d'intégration. Alors... Le responsable de la réunion brandissait une page imprimée de l'article "Integration" du site allemand Wikipédia. Lequel énonce que l'intégration peut se définir comme "das Einbinden einer Minderheit in eine größere soziale Gruppe", en clair l'adhésion d'une minorité à un groupe social plus important.
Là, j'ai regretté de ne pas être bilingue.

24 octobre 2006

L'appel du Luxembourg

Intéressante découverte ce matin en ouvrant mon ordinateur. Après un rapide tour sur le site de lequipe.fr et ma boîte mail, je consulte rituellement les statistiques de ce blog sur xiti.com. Visites, visiteurs, origines, entrées, sorties: tout est condensé en deux-trois tableaux fort colorés.
Pour les résultats d'hier donc, un nombre toujours grandissant de visiteurs apparaît (je plaisante) et - O surprise ! - 5 connections en provenance du Luxembourg (les premières depuis la création du site) et une en Belgique. Une étude un peu plus affinée me permet de déterminer que ce dernier visiteur provient de Bruxelles même.
Et alors ? me direz-vous. En effet, j'ai eu des visites du Venezuela et de l'Illinois. Pourquoi pas du Benelux. Reste que cette information annexe prend un peu plus de relief lorsque l'on étudie les sources d'accès à doutrerhin.blogspot.com, autrement dit les moyens utilisés par l'internaute pour pénétrer sur ce site: 9 sont passés par l'intermédiaire de Google. Passionnant.
Xiti.com
va plus loin et nous dit comment ces 9 visiteurs ont utilisés Google pour arriver sur le présent site. Ils ont notamment tapé les occurences suivantes (dites "expressions clées"):
petra erler
(pour 4 d'entre eux), verheugen erler, petra gunter verheugen et erler petra.
Je ne peux m'empêcher de faire un rapprochement avec mes visiteurs d'un jour du Luxembourg.
Mes propos sur le Commissaire allemand à l'Industrie n'ont pas dû être jugés choquant et ne feront l'objet d'aucune mesure coercitive, vu la durée moyenne des visites ce jour-là: 1 minute et 22 secondes.

22 octobre 2006

H.-J. Musielak

Da ich die 9. Auflage des Buches "Grundkurs BGB" von Hans-Joachim Musielak wieder lesen und lernen muss, schreibe ich nicht nur für meine ehemaligen DAAD-Kollegen sondern auch für zukünftige Bewerber den folgenden Auszug ab:
Eine selbstverständlichkeit sollte für jeden Studierenden die Beachtung der Regeln der Rechtschreibung, der Grammatik und der Zeichensetzung sein. Schliesslich sollte sich der Bearbeiter auch darüber im Klaren sein, dass die äussere Gestaltung der Arbeit, ihr Aussehen, eine nicht zu unterschätzende Bedeutung für die Beurteilung hat. Zu Recht meinen Diederichsen und Wagner in ihrer Schrift "Die BGB-Klausur", S.120: "Wer mag schon unter eine saubere Arbeit, bei deren Abfassung sich der Bearbeiter offensichtlich Mühe gemacht hat, eine schlechte Note setzen ? Bei der unordentlichen tut es einem nicht leid".

19 octobre 2006

Petitessen, Vetternwirtschaft und Dementi

Quelqu'un en France se souvient-il que Monsieur Barrot occupe depuis 2004 le poste de commissaire européen en charge des Transports ? Jacques Barrot, oui. Il est même Vice-président de la Commission, c'est dire son importance.
Outre-Rhin, plus personne ne peut ignorer que l'Allemagne est représentée de son côté par le social-démocrate Günter Verheugen.
Le Süddeutsche Zeitung lui consacrait jeudi dernier un mini-portrait en page 4, où il était question des dernières sorties du Commissaire européen en charge de l'Industrie. Verheugen avait en effet osé jeter un pavé dans la mare bruxelloise en s'indignant du pouvoir accru des haut-fonctionnaires européens. La montée en puissance des 20.000 fonctionnaires s'opérant au détriment des Commissaires. Constat sans doute pas forcément infondé, mais qui a déplu.
Herr Verheugen n'en est pourtant pas à son premier fait d'arme. Alors qu'il était Commissaire européen à l'Elargissement sous la présidence Prodi, il avait déclaré que les Polonais pouvaient certes fêter leur adhésion en buvant du champagne, mais, en raison de leurs penchants liquoreux, de préférence un seul verre...
Il va sans dire que depuis ses quelques sorties Verheugen n'a pas été épargné par le milieu bruxellois. En particulier lorsque des photos de vacances le montrant avec une de ses assistantes, Petra Erler, main dans la main, furent publiées dans la presse.
L'affaire n'eût sans doute pas fait grand bruit si Verheugen n'avait été marié et si Petra Erler n'avait été nommée en avril dernier directrice de son cabinet. Aux accusations de népotisme (Vetternwirtschaft), le Commissaire opposa un véhément démenti. Et Barroso lui-même fût contraint de s'expliquer. La nomination ayant été faite dans les règles de l'art, on en resta là : "Damit ist für mich die Sache vorbei".
Le journaliste du Süddeutsche, Alexander Hagelücken, prend la défense de Verheugen en expliquant que les accusations auraient été fondées si Petra Erler, économiste de formation, s'était révélée incompétente. Ce qui n'est pas le cas, explique le journaliste. Ancienne secrétaire d'Etat du premier gouvernement démocratiquement élu en RDA (Staatssekretärin der ersten frei gewählten DDR-Regierung), Erler était la collaboratrice la plus ancienne au sein du cabinet de Verheugen. Et le journaliste du Süddeutsche de prédire malgré tout une fin de mandat (2009) éprouvante pour Verheugen et sa nouvelle directrice de cabinet.

Pourquoi je soutiens DSK


Parce qu'il est le seul à pouvoir réduire la fracture Nord/Sud et mettre fin au néocolonialisme européen en Afrique de l'Est.

15 octobre 2006

Die gefesselte Ente

Une semaine en France en octobre 2006, c'est un peu de football (qualifications pour l'Euro 2008) et beaucoup de politique (tour préliminaire de la présidentielle 2007). Je me suis procuré en conséquence quotidiennement en Equipe et autre Libération, petits plaisirs oubliés outre-rhin. Une brève m'a fait sourir dans Le canard du 11 octobre dernier, que je me permets de vous livrer brut.
Elle est intitulée "Le ticket Fabius-DSK":

Sur le coup de 8h30 le 7 octobre, les principaux partisans de Laurent Fabius se sont retrouvés discrètement dans un sous-sol de l'Assemblée nationale.
Le député de Seine-Maritime a exhorté les siens à ne pas s'en prendre à Dominique Strauss-Kahn, une alliance Fabius-DSK étant possible en cas de second tour entre les trois candidats socialistes. En revanche, Fafa n'a donné aucune consigne en ce qui concerne Ségolène Royal. Une recommandation parfaitement suivie quelques heures plus tard, lors du conseil national.
Apercevant la candidate en tailleur rose perle entre Pierre Mauroy et Jean-Marc Ayrault, un lieutenant de Fabius s'est écrié: "Ségolène se présente comme la candidate de la rénovation, alors qu'elle est la candidate des hiérarques de l'appareil (François Rebsamen, Julien Dray, Bruno Leroux, etc.), celle des affreux (Jacques Mellick, Georges Frêche, etc.) et celle des carriéristes (Arnaud Montebourg, Vincent Peillon, etc)!" Les hiérarques + les affreux + les carriéristes, cela fait plus de 50% du PS, non ?


A titre personnel, je ne partage pas complétement l'opinion du sieur fabiusien. Question de catégorie sans doute. Par ailleurs, la remarque peut faire sourire venant d'un partisan de Laurent Fabius. Et puis, pourquoi les uns seraient-ils plus hiérarques que carriéristes... ? Vaste débat. Reste que certains ralliements à la cause royaliste laissent tout de même pantois.

07 octobre 2006

Un hôtel sans étoile à Delmenhorst

Les dernières élections régionales en Mecklenbourg-Vorpommern ont rappelé que tous les Allemands n'avaient pas eu l'opportunité de visiter Weimar, capitale culturelle européenne, ni du reste le camp de concentration situé à moins de 10km de là, un peu plus au nord-ouest.
Il a déjà été question ici de l'irruption aussi brutale qu'attendue de l'extrème droite sur le devant de la scène politique allemande lors du scrutin du Land de la Baltique. La presse nationale a parfaitement décrypté pendant l'été la montée du NPD, die Nationaldemokratische Partei Deutschland, soit le Parti national-démocratique d'Allemagne, créée en 1964. Elle tente désormais de comprendre pourquoi plus personne ne semble s'étonner de la présence de néonazis dans un parlement régional en Allemagne.
Il faudrait pourtant être aveugle pour ne pas voir le vrai visage de l'extrême-droite allemande. La méthode est connue et a déjà démontré son efficacité: occuper le terrain des anciens partis dits ouvriers. Le site web du NPD, aussi banal qu'effrayant, s'ouvre d'ailleurs sur des manifestants exigeant plus de Soziale Gerechtigkeit (justice sociale). Les couleurs blanche, rouge et noire sont là pour rassurer.
L'emprise des néonazis se fait désormais sentir à l'Ouest. L'épisode de l'hôtel de Delmenhorst vaut à ce titre d'être conté pour illustrer une certaine "Npdisation" des esprits allemands. Delmenhorst, commune de 80.000 habitants dans la banlieue de Brème, n'était pas particulièrement connue pour ses sympathies extrémistes quand Jürgen Rieger, avocat à Hambourg, décida de se porter acquéreur de l'hôtel "Am Stadtpark" plus ou moins abandonné depuis une année. Rien de bien anormal, me direz-vous, quand on connaît les fortunes personnelles des avocats... Sauf que Rieger est lui-même réputé pour ses amitiés néonazies et agit en conséquence ouvertement pour le compte du NPD.
Le parti d'extrême-droite a souhaité acheter cet hôtel pour le transformer en "rechtes Schulungszentrum", ou plus directement, en "Nazischule", un centre d'éducation et de formation pour ses sympathisants. Rieger en a proposé très vite 2,5 millions d'euros. Une belle opération pour le propriétaire, Günter Mergel, dont les locaux ont été estimés à 1,33 millons.
La population de Delmenhorst s'est mobilisée, le conseil municipal a suivi. Une grande initiative citoyenne a permis de réunir une somme de 900.000 euros. La Ville a accepté de financer la différence et a proposé 2,5 millions au propriétaire. Las, le NPD en a offert 3. Pour Rieger, 3 millions d'euros néonazis restent toujours plus que 2,5 millions d'euros. De bonne guerre.
Un habile montage financier en partenariat avec le Land garantissant un crédit de 500.000 euros a permis à la mairie de Delmenhorst d'emporter le morceau en offrant 3 millions à son tour. Günter Mergel a accepté malgré une dernière proposition des extrémistes à... 3,4 millions.
L'affaire a été conclue lors du conseil municipal de jeudi soir dernier. L'école des Nazis ne verra pas le jour à Delmenhorst.

04 octobre 2006

Jack, der vormalige Kulturminister (I)

Je reprends un moment espoir. Gernd Kröncke a peut-être croisé la route de ce blog. Krönke est correspondant du Süddeutsche Zeitung à Paris depuis 1998. Et à la faveur de mon dernier Post sur Jack Lang, il a certainement convaincu la direction du quotidien munichois de changer la une de ce jour pour évoquer la route tortueuse des prétendants socialistes à la charge suprême.

Cela donne un article en une du SZ intitulé "Sozialistische Schwindsucht". La tâche s'annonce difficile pour trouver une traduction à Schwindsucht, littéralement phtisie. Oui, phtisie est bien français. Phtisie signifie tuberculeuse pulmonaire. J'ai failli en faire le titre de ce Post. Mais bon.

Donc, "tuberculeuse pulmonaire socialiste". Hum. Il doit bien exister une alternative intellectuellement un peu plus exigeante. Schwindelig, c'est l'étourdissement, le vertige. Ah. Sucht, la passion. Voilà: la passion socialiste pour le vertige. Sous-titre: "Die Linke in Frankreich formiert sich für die Präsidentenwahl" La gauche en France se prépare pour les présidentielles.
Voici la suite (en traduction simultanée, s'il-vous-plaît):
"Da waren es nur noch drei. Vor wenigen Wochen noch hatten
sich ein halbes Dutzend der französischen Spitzengenossen Hoffnung gemacht, von
den Linken für die Präsidentschaftskandidatur auserwählt zu werden"
Il n'en reste plus que trois. Il y a quelques semaines encore une demi-douzaine d'éléphants (Spitzengenossen) gardait l'espoir de devenir l'élu de la Gauche pour les Présidentielles.
"Aber nach dem Verzicht von François Hollande und dem
Rückzieher des Veteranen Lionel Jospin hat nun auch Jack Lang, der vormalige
Kulturminister, eingesehen, dass seine Zeit vorbei ist. Jack Lang musste
befürchten, dass er nur gedemütigt aus der parteiinternen Abstimmung
herauskommen würde. Ihm fehlt trotz aller Verdienste, jeder Rückhalt
innerhalb der Sozialistischen Partei (PS). So hat er denn auch "im Geiste
der kollektiven Disziplin" seinen Verzicht erklärt,
live im Fernesehen"
Mais après le renoncement de François Hollande et le volte-face du vétéran Lionel Jospin (Rückzieher signifie retourné en langage footballistique) Jack Lang, l'ancien Ministre de la Culture, a également compris que son heure était passée. Jack Lang a dû craindre de sortir humilié du scrutin interne du Parti. Malgré ses états de service, il lui a manqué de soutien au sein-même du PS. Ainsi, a-t-il justifié son retrait "au nom de la discipline collective" en direct à la télévision.
" Übrig bleiben Laurent Fabius, Dominique Strauss-Kahn
und die Favoritin Ségolène Royal. Er wolle nicht zur Spaltung beitragen, bei
drei Kandidaten sei eine vernünftige Debatte möglich, hatte Lang gesagt und
forderte "Würde und Brüderlichkeit" in der bevorstehenden
Auseinandersetzung"
Lang a expliqué qu'il ne voulait pas contribuer à la division, qu'avec trois candidats un débat raisonnable était possible et a exigé "dignité et fraternité" au cours du prochain débat.
"Dass diese Brüderlichkeit Grenzen hat, zeigt sich bereits.
Erst einmal gab es einen Querschläger gegen Madame Royal.
Am Wochenende wurde ihr jüngerer Bruder Gérard
mit grosser Aufmachung in die Öffentlichkeit gezerrt.
Gérard Royal soll vor 21 Jahren zu jenem französischen
Geheimdienst-Kommando
gehört haben, das im neuseeländischen Hafen Auckland
das Greenpeace-Schiff Rainbow Warrior versenkt hat (...)"
Le présent paragraphe me paraît clair: la fraternité prônée par Lang a ses limites. Pour preuve, le sabotage du Rainbow Warrior il y a 21 ans à Auckland dans lequel le frère cadet de Ségolène Royal est impliqué. Kröncke continue:
" Das die Affäre ausgerechnet an dem Tag aufgefrischt
wurde, an dem Ségolène Royal ihre Kandidatur offiziell bekannt machte, ist
ein merkwürdiger Zufall"
Que cette affaire sorte le jour-même où Royal officialise sa candidature est un étrange hasard (sic).
En effet, c'est étonnant.
"Nun sind es also drei Kandidaten, die sich der
Urabstimmung der rund 200.000 PS-Mitglieder stellen: der Reformer
Strauss-Kahn, der sich als Einziger als "Sozialdemokrat" bekennt; Fabius der
einst als Liberaler galt, aber seit seinem "Nein" zum europäischen
Verfassungsvertrag zum Linken konvertiert
ist; und die Favoritin, die offenbar uneinholbare Madame Royal (...)"
Maintenant restent trois candidats qui vont se présenter aux suffrages des 200.000 militants du PS. Le réformiste DSK, qui se reconnaît comme unique "social-démocrate"; Fabius, autrefois libéral, mais qui s'est reconverti à gauche depuis son "non" au Traité européen; et la favorite, Madame Royal.
Je dois avouer que je n'ai pas trouvé de traduction satisfaisante pour "uneinholbare". On me souffle "irrattrapable". Mhoui. Et non, offenbar ne signifie pas "action commerciale dans un établissement de nuit", mais tout simplement "manifestement".
Royal, offenbar uneinholbare ? A suivre.

03 octobre 2006

Non, Jack, t'es pas tout seul

En ce jour d'union nationale et chômé, la nouvelle s'est répandue comme de la poudre le long du couloir rhénan: Jack Lang n'ira pas. Terrible nouvelle qui nous permet de relativiser les quelques 900 milliards d'euros investis par l'Allemagne pour la reconstruction de feu la DDR. Les journaux de l'Ouest titrent d'ailleurs plus facilement sur ce point aujourd'hui que sur la dernière sortie du ministre de la Culture de Mitterrand chez Poivre d'Arvor.

Reconnaissons que la presse allemande ne s'est pas encore tout à fait enthousiasmée pour le pré-campagne présidentielle française. A peine a-t-on pu lire ça et là un article sur le phénomène Ségolène Royal. Le PS n'a pas la cote outre-Rhin et les médias sont plus intrigués par la triplette monarchiste Chirac-De Villepin-Sarkozy. L'affaire Clearstream avait ainsi donné lieu à de longs articles sur les méthodes du clan Chirac. Pas étonnant que le dernier livre de Giesbert, La Tragédie du Président, se retrouve en bonne place sur les étals des libraires rhénans. Y a un peu d'Helmut en Chirac.
Il faudra penser aussi dans les prochaines notes à rétablir l'équilibre et à tenir informer mes chers voisins des tourments actuels du socialisme français. Pour commencer, un article parfaitement partial d'un auteur que j'apprécie, Jean-Claude Guillebaud dans le Nouvel Obs (Télé Obs du 23/29 septembre 2006), sur quelques règles politiques élémentaires:
"¨Pour faire court, on dira que celui qui joue principalement sur le médiatique s'expose à être vaincu par le médiatique, un peu comme périt par les armes celui qui choisit de trop s'en servir. Cela n'est pas forcément réjouissant sur le chapitre de la vérité et du sérieux politique. La médiatisation ou la "peopolisation" - comme on dit maintenant en franglais - contraint les premiers rôles à veiller sur leur image comme du lait sur le feu. Ils doivent sans relâche retoucher, enrichir, corriger, raviver celle-ci au millimètre. Au risque de ne plus penser qu'à cela. Ils doivent se concentrer jour après jour sur leur façon de sourire, de tendre la main, de tousser, de s'habiller et tutti quanti. C'est peu que dans ces conditions, la forme finit par l'emporter sur le fond tout comme la posture calculée met forcément à mal la vérité d'un discours". Einverstanden Ségolène ?

01 octobre 2006

Kennen Sie Bochum ?

Depuis mon arrivée en Allemagne, je dois avouer que l'idée m'avait traversé une ou deux fois l'esprit. Il m'avait été expliqué que la région de la Rhur représentait une des plus fortes densités de population en Europe. Des villes de 500.000 habitants tous les 10km. Des autoroutes dans tous les sens. Des usines à perte de vue. Bref, le coeur ouvrier et économique de l'Allemagne d'après-guerre.
L'occasion m'avait déjà été donnée de découvrir ce magnifique panorama lors de deux déplacements furtifs à l'Arbeitsgericht de Gelsenkirschen, le Conseil de prud'hommes local. J'avais fait le déplacement avec Alexander Bartz, avocat spécialisé en droit du travail, lequel était alors chargé des intérêts d'une grande société minière. Le taux de chômage à Gelsenkirschen est un des plus élevé d'Allemagne de l'ouest. Ce qui explique sans doute le calme relatif de l'Arbeitsgericht à chacun de nos passages. Gelsenkirschen reste néanmoins connu en Allemagne pour son club de foot professionnel qui tire son nom d'un quartier : Schalke. La confrontation européenne contre Nancy il y a 15 jours m'avait permis de découvrir le magnifique stade de Schalke dénommé Veltins Arena. Mais ça, ça n'intéresse pas grand monde, à part peut-être les supporters nancéens présents ce soir-là. Et encore.
Passés les mines et les clubs de foot (le Borussia Dortmund n'est pas loin), la Rhurgebiet - comme elle est désignée ici - renferme d'autres trésors. Je reviendrai très certainement sur le Zollverein d'Essen dans un prochain article. Ces anciens bâtiments industriels gigantesques et tentaculaires méritent bien un message à eux-seuls, photos à l'appui.
Vendredi dernier, j'ai pu parfaire ma connaissance de cette région atypique en participant au Jahrestagung der Deutsch-Französischen Juristenvereininung e.V. à Bochum. Le germaniste attentif ne manquera pas de penser que le club de foot de Bochum est actuellement en Bundesliga après quelques années en seconde division. Là n'est malheureusement pas le sujet. Je me devais de participer à ce colloque organisé par le DFJ, association regroupant un millier de juristes franco-allemands de ce côté-ci du Rhin. Pour la petite histoire, l'association chargée en France de la même mission réunit 10 fois moins d'adhérents. Le public relation, ça paie toujours me disait pas plus tard que ce soir mon ami Thibaut qui fêtait alors dignement son trentenaire.
Le programme paraissait très alléchant sur le papier: Gesellschaftrecht - Unternehmensakquisition (droit des sociétés et acquisition de sociétés en droit comparé français/allemand) et une intervention sur le rachat d'entreprise en faillite (Insolvenzrecht). Les interventions - parfois brillantes - étaient dispensées par Me Werner Gaus de Francfort-sur-le-Main, Me Nicola Kömpf de Paris et Me Herta Weisser de Dresde. Il est d'ailleurs significatif que la seule personne qui ait vu son temps de parole amputé et qui n'a pas pu terminer son intervention soit l'avocate d'Allemagne de l'Est...
La seule découverte de la ville de Bochum valait le déplacement. Non pour son blason dont la symbolique m'échappe encore, mais pour son université. La Rhur-Universität a été construite pour durer, c'est évident. L'arrivée par voie terrestre est édifiante. L'entrée dans les immenses parkings souterrains traumatisante. Des bâtiments en béton à perte de vue. La construction date des années 60-70 et semble un sujet d'étude sans fin pour sociologues et architectes. D'ailleurs, une large partie a été modernisée et une expo photo retrace les travaux les plus récents. Bref, si vous passez par Bochum, il faudra penser à visiter aussi son université.