"Malgré les grands progrés que je fais en allemand, il est clair que j'y suis venu trop tard, et que je ne parlerai jamais cette langue comme le français. Je ne le regrette pas trop". Michel Tournier, "Le Roi des Aulnes".

29 mars 2007

Cicero, la Mannschaft, Mariton (II) et Anelka (II)

Belle découverte il y a quelques semaines réalisée à la librairie Stern de Düsseldorf : le magazine Cicero, dont la couverture du mois de mars était consacrée à un portrait de l'ancien chancelier social-démocrate Schmidt. Pour un aperçu plus concret, la page web du magazine est instructive.

Il sera assurément question de cet intelligent Zeitschrift dans les prochains posts, tant ces articles de qualités et ses "contributeurs" représentent une source inépuisable de sujets et de débats. Le dernier numéro voyait entre autres les participations de Schmidt, Fischer, Kundera, Walser, Eco, Garcia Marquez, Glucksmann, etc.

J´ai lu avec attention l'article rédigé par Friedrich Merz, ancienne étoile montante de la CDU, ancien chef du groupe conservateur au Bundestag, avant d'être foudroyé en pleine ascension par Angela la Terrible. Il faudra tout de même revenir sur son couplet relatif aux professionnels de la politique. Merz n'est pas forcément le mieux placé pour parler, mais il en parle.

L'édition du mois d'avril liegt auf meinem Schreibtisch et, O surprise, nous réserve une interview de... François Bayrou. En lisant l'entretien, on a l'impression d'entendre l'homme du Béarn en allemand. Je vous assure que ça fait quelque chose.

Pour respecter mon titre et mes lecteurs, je me dois dans les quelques lignes qui suivent aborder successivement la Mannschaft, Mariton et Anelka. J'ai été trop gourmand, sans doute.

Passons sur Mariton, qui est un con. Il est bon néanmoins de le rappeler. Et fréquemment si possible.

La Mannschaft, l'équipe de football allemande dirigée par Joachim Löw, s'est vue trop belle. Les journaux, notamment le Bild, titraient après la victoire sur la République Tchèque samedi soir, que leur équipe était la meilleure d'Europe. Bilan: défaite 1-0 à domicile contre les Danois. Que l'entraineur allemand ait aligné 6 nouveaux joueurs n'y change rien.

Reste Anelka, à nouveau brillantissime contre les Autrichiens et désormais indispensable à l'équipe de France. Quel beau retour !

26 mars 2007

Mariton et Nicolas

Regardez bien cet homme.

Depuis ce matin, il est ministre de la République française.

Avec de si belles cravates et chemises, il aurait pu être ministre du bon goût, mais non. Chirac l'a nommé à l'Outre-Mer.

Mariton, ancien député de la Drôme, c'est une vieille connaissance.

C'est en partie parce qu'il y avait à droite des gars comme lui que les alliances avec le Front national ont vu le jour en 1998 lors des élections régionales.

Mariton, pour une place de vice-président du Conseil régional de Rhône-Alpes, a été prêt à tout, y compris et surtout pactiser avec Bruno Gollnisch et ses sbires. Elu avec les voix des conseillers régionaux du Front national, Mariton avait de beaux projets pour Rhônes-Alpes. Vice-Président chargé des affaires culturelles, Mariton n'aura été que le pantin de Millon, lui-même pantin du FN durant les 9 mois de leur minable aventure commune.

Au même moment, on enregistre un autre retour. Quand Mariton dînait avec ses amis du FN dans les bouchons lyonnais, Nicolas Anelka plantait deux superbes buts contre les Anglais à Wembley. C'était au début de l'année 1999.

Depuis, plus grand chose.

Et là, samedi dernier, Anelka a tout simplement sauvé le onze tricolore et la République d'un naufrage collectif d'un magnifique extérieur qui a laissé Zydrunas Karcemarskas, le gardien lituanien du Dynamo de Moscou, sans voix.
Karcemarskas mesure 1,89 m, soit presque 2,50 m bras tendus. Sachant que les dimensions des cages de football sont de 7,32 m et que le gardien lituanien se trouvait légérement décalé sur sa droite au moment du tir de l'a ttaquant français, Anelka disposait d'une fenêtre égale à:
(7,32 /2) - 2,50 - 0,50 (léger décalage) = 0,66 m

Le diamètre du ballon officiel de la FIFA étant de 22 cm, Anelka, placé à 25 mètre des buts, disposait d'un angle assez large pour placer trois ballons AVANT que le gardien adverse n'esquisse le moindre geste.

Le gardien a plongé, Anelka a marqué, Mariton a été nommé Ministre de l'outre-Mer et Merkel est toujours chancelière.

Et Bayrou dans tout ça... ?

22 mars 2007

Total : une nuit en garde-à-vue

Christophe de Margerie a sans doute vu "L'ivresse du pouvoir", il y a quelques mois. C´est tout le mal qu´on lui souhaite car cela lui permettra peut-être de comprendre plus vite que sa situation est bien compromise.


Une surprise néanmoins à l´heure où j´écris, le grand chef de Total n'est pas présenté à Isabelle Huppert, mais aux Juges d'instruction Courroye et Simeoni. Forcément moins drôle. Chabrol ne sera pas présent non plus, c'est dire combien la production a délibérement fait peu de cas de la mise en scéne.

Côté direction d'acteur, toute lattitude est donc laissée au juge Courroye. Ce n'est pas un mauvais choix en soi. Courroye, il faut l´avoir vu une fois en action pour comprendre comment la base américaine de Guantanamo peut se révéler plus accueillante que les locaux du pôle financier du TGI de Paris.

De Margerie, successeur de Berléand ? Attention, Courroye n'a jamais aimé les acteurs qui surjouaient.

11 mars 2007

Angela, François et les autres

Franchement, on pourrait parler de ce qui se passe actuellement en Allemagne. C'est à dire peu de chose. Angela Merkel ? le SPD au sein de la grosse Koalition ? Schalke 04 qui ne gagne plus ? Guère palpitant, il faut le reconnaître. Dur constat pour les germanophones et -philes, assidus et méritants lecteurs de ce blog : il faut bien regarder du côté de Pâaris et de la Seine pour rigoler un peu.

Et là, c'est tout de même la franche rigolade.

Bayrou. Le Béarn. Le changement. La rupture. Le centre. L'union nationale. Un premier ministre de gauche. Des ministres de droite. Et Bayrou président de la république.

Si c'est pas un appel à voter Ségolène au premier tour, qu'est-ce que ça peut bien être...

Les 24% de l'homme du Béarn me rappelle cette anédocte iepienne. Une conversation en bordure de Rhône, sous un léger soleil de mars, enveloppée d'une fine bise du nord. Trois gaillards s'entretiennent de l'importance du vote d'extrême droite aux élections régionales passées.

- Quand même, on peut pas rester comme ça.
- Bah non.
- Faudrait faire un truc dans le cadre de l'iep.
- Ah ouaih.
- ...
- euh.
- Une rencontre avec Emmanuelle Béart.
- Et pourquoi pas Pierre Bourdieu ?
- Il est mort. Et Béart fera venir plus de monde.
- Bourdieu n'est pas encore mort à l'heure où nous parlons.
- C'est vrai.
- Bon, va pour Emmanuelle Béart, alors.
- En plus, elle vient de triompher dans le dernier Sautet.
- C'est faux.
- Et si on faisait plutôt un journal socialiste ?
- ...
- oh non, pas encore un truc avec les socialistes.
- Mais...
- Non, y en marre des socialos.
- Bah, alors, je sais pas...
- Un journal de socialos qu'interviewerait des gens de droite.
- Ah ouai
- Ouaih
- Genre on est open
- super ouvert sur le monde extérieur
- et tolérant
- Ouaih, c'est important la tolérance

Cette passionnante conversation est interrompue par l'arrivée d'un quatrième larron.

- Eh les gars, salut.
- (ensemble) salut Manu
- J'ai voté Bayrou aux dernières élections
- ...
- ça suffit les socialos.
- ...
- bin, vous dîtes rien ?