"Malgré les grands progrés que je fais en allemand, il est clair que j'y suis venu trop tard, et que je ne parlerai jamais cette langue comme le français. Je ne le regrette pas trop". Michel Tournier, "Le Roi des Aulnes".

28 septembre 2006

Rot-Rot ou Schwarz-Rot ?

Ce matin, am Kirchplatz, j'ai craqué pour la couverture blanche et jaune du Rheinische Post, LE journal de Düsseldorf. Plusieurs feuillets comme d'habitudes, pour les infos générales, locales, sportives et économiques. Il faut reconnaître que la présentation est soignée et la lecture agréable. Bon, l'actuel rédacteur en chef, Sven Gösman, occupait il y a peu le même poste à Hambourg pour le Bild...
Je découvre deux petits articles en pages politiques que je vous livre brut:
"Mitgliederschwund bei CDU und SPD hält an.
Berlin - Der seit Ende der 90er Jahre beobachtete Mitgliederschwund bei den beiden Volksparteien SPD und CDU setzt sich ungebremst fort. Wie aus den offiziellen Angaben beider Parteien hervorgeht, ging die Zahl der CDU-Mitglieder von Dezember 2005 bis August 2006 um 1,7 Prozent auf 562 410 zurück.
Bei der SPD reduzierte sich die Zahl der Genossen im selben Zeitraum sogar um 3,5 Prozent auf 569 868. Wegen der rückläufigen Mitgliedbeiträge hatte SPD-Schatzmeisterin Inge Wettig-Danielmeier vor kurzem höhere staatliche Zuschüsse für die Parteien gefordert".

Et un autre: "Schwerin: SPD bei Koalition "weiter offen".
Schwerin - Die SPD wird heute mit der CDU und der Linkspartei/PDS weitere Sondierungsgespräche über möglich Koalitionsverhandlungen in Mecklenburg-Vorpommern führen. Nach den ersten Treffen gestern sagte Ministerpräsident Harald Ringstorff (SPD), das Gespräch sei "in vernünftiger Atmosphäre" verlaufen. Auch mit der CDU habe es ein offenes Gespräch gegeben. Ringstorff betonte, das Ergebnis sei für ihn weiter offen".

Deux petits articles qui nous apprennent que le nombre des militants des deux grands partis d'Allemagne continue inéxorablement de diminuer et que Harald Ringstorff, ministre-président du Land de Mecklenburg-Vorpommern (entre Berlin, la Baltique et la Pologne), continue de négocier un accord de gouvernement tant avec les anciens communistes qu'avec la CDU. Il y aura au choix une coalition dite Rot-Rot en cas d'alliance du SPD avec le Linkspartei, ou bien Schwarz-Rot si Ringstorff choisit d'appliquer au niveau régional les recettes de la Grande Coalition fédérale en collaborant avec les conservateurs.
Cette dernière hypothèse aurait les faveurs des commentateurs, notamment en raison du score inquiétant du NPD lors du dernier scrutin. Pas sûr pour autant qu'une alliance droite-gauche soit la bonne formule pour repousser les néonazis.

Das Blog liegt noch nicht vor

Vous êtes semble-t-il de plus en plus nombreux à parcourir ce blog. 2 en France et 1 aux Etats-Unis selon le logiciel Xiti. Je ne compte pas les 15 connections sur le sol allemand puisque 14 d'entre elles sont de ma seule initiative. Encourageant.
En discutant ce jour avec ce cher Elie, j'ai appris que la mode des blogs n'avait pas encore déferlé sur l'Allemagne et que le concept restait encore assez étranger à la mentalité de mes chers voisins.
Voilà une piste intéressante. Pour référencer ce site au plus vite sur le deutsch net, il faudrait au mieux offrir une traduction de toutes les notes et commentaires d'Outre-Rhin.com. Pour les commentaires me direz-vous, pourquoi pas. Pour le reste du site, vaste chantier.
Je me contenterai donc daher pour le Zukunft de pimenter mes articles de locutions germaniques dans l'espoir d'être un jour beobachtet par les responsables de Google Deutschland. Le lectorat francophone pourrait y puiser une source d'Auskünfte non dénuée d'intérêts linguistiques, da les allemands s'initieraient tout simplement aux joies de la blogosphère.
Kompliziert.

26 septembre 2006

Comment j'ai résilié mon abonnement au Süddeutsche Zeitung (I)


Je me suis décidé à 17h47 précisément. Devant l'un des kiosques à journaux de la gare de Cologne. J'ai pris mon courage à deux mains, sorti 50 cents du porte-monnaie et pris le premier numéro du Bild Köln surplombant une pile déjà bien entamée. L'air le plus détaché possible, je me suis approché de la caisse pour régler. 50 centimes d'euros. On peut s'interroger longtemps sur ce montant, alors que les gratuits n'ont pas encore envahi les villes allemandes.
Le Bild est une institution en Allemagne. Premier tirage du pays avec 4 millions de numéros, le triple de lecteurs. Il était urgent de comprendre.
Les 30 minutes du Regional Zug 10133 en direction de Düsseldorf m'ont permis une première prise de contact rapide avant une lecture un peu plus poussée. Inutile de s'attarder sur la playmate qui décore une bonne moitié de la une. Le concept de Stéphane Collaro n'a pas vieilli. Au contraire. Il aurait été à ce titre plus vendeur pour le présent blog et son souci permanent de référencement intelligent de remplacer Angela Merkel par Ina.
La page politique du Bild se résume à... une page. L'article central intitulé "Warum stürzt die Union so ab ?" et censé éclairer le lecteur sur la chute de popularité de la CDU tient sur 5 micro-colonnes et se révèlent être en réalité une légende un peu plus longue qu'à l'habitude du présent graphique. Seule information notable et compréhensible : Zum 1. Mal seit 2002 liegt die SPD in Umfragen wieder vor der CDU. Les sociaux-démocrates dépassent les conservateurs dans les sondages pour la première fois depuis 2002. Heureusement, c'est le titre du graphique.
Le reste de la page politique se compose d'une interview illisible de Mickael Dickmann, patron de la société d'assurance Allianz, lequel s'exclame en gras, souligné et sur deux lignes en caractère 35 que chacun devra bientôt payer lui-même son dentiste (Den Zahnarzt sollte jeder selbst bezahlen!).
Mais l'idée ne m'a pas traversé l´esprit de poursuivre la lecture de l'entretien avec Herrn Dickmann (51). La succession de titres racoleurs, d'articles qui n'en sont pas, de photomontages de mauvais goût et d'autres faits divers sordides m'incitent à replier discrétement le Bild Zeitung, sans déranger le couple assis derrière moi, et à m´interroger: mais pourquoi diable ai-je résilié mon abonnement au Süddeutsche Zeitung ?

25 septembre 2006

Seremos invencibles

Un des bénéfices certain à sacrifier 2 heures 40 de sa journée dans les transports en commun est la lecture. Le passage dans les bus 835 puis 750 s'avère trop court pour lire autre chose que les titres du Süddeutsche Zeitung, mais le Regional Zug pour Aix-la-Chapelle, notamment par ses retards quotidiens de 10 mn, permet une lecture plus approfondie.
Je ne sais plus pourquoi il y a quelques années j'ai acheté le livre de George Orwell, "Hommage à la Catalogne", récit de l'engagement de l'écrivain britannique durant la guerre civile espagnole en 1936 et 1937. Le livre a voyagé depuis son acquisition; la couverture de l'édition de poche 10/18 a certainement contribué à son achat. L'éditeur y fait figurer un homme qu'on suppose catalan, ouvrier et internationaliste. Un beau résumé puisque Orwell dévoile dans son ouvrage une face méconnue du combat républicain contre les troupes de Franco. Engagé dans les milices ouvrières du POUM, Partido Obrero de Unificacion Marxista, Orwell décrit de l'intérieur la guerre fratricide opposant communistes, anarchistes et (prétendus) trotkystes. Ce témoignage nous livre en outre quelques clefs sur l'auteur de 1984, notamment sur ses convictions politiques. "Hommage à la Catalogne", c'est aussi l'ambiance de Barcelone et des ramblas. Un livre de route pour extranjeros.

24 septembre 2006

Le discours d'Otto Wels

Voici le premier message de ce blog à destination plus particulièrement de ceux qui aiment l'histoire, la politique et l'Allemagne. Cela devrait plutôt correspondre à Thomas, qui, pas plus tard qu'aujourd'hui, m'a insidieusement incité à prendre du service sur le net pour raconter "l'Allemagne vue de l'intérieur". Cela aurait pu faire au passage un titre peut-être plus approprié et moins franco-français.
Pour commencer et donner le ton, j'invite les premiers égarés sur ce site à visiter le lien suivant
http://www.dhm.de/lemo/html/dokumente/wels/index.html où il est possible de lire en version originale le dernier discours tenu par Otto Wels en 23 mars 1933 devant le Reichstag. Wels, né à Berlin en 1873, était alors député SPD au sein du Parlement allemand depuis 1920.



En s'exprimant au nom de son groupe contre la loi des pleins pouvoirs (Ermächtigungsgesetzes), Wels a tenu là le dernier acte de résistance de la République de Weimar, devant une assemblée acquise aux thèses du national socialisme où les députés du NSDAP portaient la tenue des SA ou des SS.
Le parti social démocrate allemand allait être dissous le 22 juin 1933 et Otto Wels mourir en exil à Paris en septembre 1939.