"Malgré les grands progrés que je fais en allemand, il est clair que j'y suis venu trop tard, et que je ne parlerai jamais cette langue comme le français. Je ne le regrette pas trop". Michel Tournier, "Le Roi des Aulnes".

31 décembre 2006

Et si on sortait ?

Bref passage à Dijon, le temps d'un cinéma au Desvoge. C'est un blind test: quel film avons-nous vu ? Un indice...





16 décembre 2006

La liberté nous écoute

La France a peur

Un ami anonyme s'alarmait récemment, au moyen d'un mail groupé, des difficultés du métier de journaliste en France. Pour étayer son propos, l'honnête homme nous invitait à visualiser une vidéo plutôt explicite. A voir au plus vite.
Le message de Thibaut m'a rappelé un article paru il y a quelques semaines dans le Süddeutsche Zeitung. Etant désabonné depuis plus d'un mois maintenant, j'ai retrouvé l'article en question dans un amas de vieux journaux entassés sous mon bureau. Celui-ci, sobrement intitulé "Ost-West-Verbreiterung" - ce qui pourrait signifier "Diffusion orientale et occidentale", voire "Elargissement Est-Ouest" - traite des projets du groupe Springer.
La France est concernée au premier rang puisque les éditions Springer envisagent très sérieusement de lancer une version française de BILD-Zeitung, leur produit phare ("Flaggschiff" auf deutsch) dès l'automne 2007. Les fonds auraient déjà été approuvés par la direction allemande et les résultats du numéro zéro du französisches Bild seraient plus qu'encourageant. Il ne manquerait plus que l'aval du Conseil de surveillance du Groupe pour concrétiser le projet.
L'article explique que le marché français est "schwierig" (difficile) et que le groupe a déjà tablé sur 60 millions d'euros de perte la première année. Il serait compliqué également de trouver des journalistes "appropriés" ("geeignete Journalisten"). En effet, Boulevard-Journalismus à la Bild gibt es in Frankreich nicht : la presse de boulevard façon Bild n'existe pas en France. Une aubaine pour Springer qui compte bien occuper le créneau. Son gérant à Paris, Rémy Dessarts deviendrait ainsi rédacteur en chef du futur journal et le numéro deux devrait être Dider Pourquery, débauché de chez Métro.
Une autre difficulté rencontrée par le groupe Springer resterait la question de la diffusion même du quotidien. La chaîne de distribution en France "est en effet dominée par le syndicat CGT, légèrement communiste sur les bords" ("Ein weiteres Grossproblem ist der monopolisierte Vertrieb, den die Kommunistisch angehauchte Gewerkschaft CGT dominiert"). Outre-Rhin, les valeurs communistes ne font pas tous les jours la une du Bild, il est vrai.
Reste le problème du titre.
"Bild Zeitung", c'est pas très vendeur, sauf à Strasbourg. Et encore.
Même si nous pouvons compter sur Rémy Dessarts et Dider Pourquery pour nous trouver, en germanistes avertis, la meilleure adaptation française, quelques suggestions peuvent être avantageusement avancées : "L'indécent", "Cynisme, sexe et capitalisme", "Beauf Zeitung", "Le magazine du gros nanar".
Je reconnais volontiers mon manque d'inspiration sur la question. Pour la suite, je vous renvoie à la version originale.

08 décembre 2006

Atouba, Hambourg et les supporters

L'affaire m'est venue aux oreilles hier après-midi, jeudi, par internet.
Un joueur du HSV, le club de football de Hambourg, aurait fait montre d'une certaine vulgarité envers les supporters présents mercredi soir lors du dernier match de Ligue des Champions contre le CSKA Moscou en levant le majeur à leur adresse. Le footballeur ayant eu l'idée de reproduire son geste à plusieurs reprises, celui a été capté par les photographes présents autour du terrain.
Les journaux allemands n'ont fait leur choux gras de l'épisode que ce matin, vendredi. La condamnation a été unanime. Le joueur a eu un comportement indigne et a mérité la sanction infligé par son club de deux matchs fermes de suspension. Welt Kompakt, que je découvre dans le train ce matin, et le Frankfurter Rundschau, journal plutôt d'inspiration libérale de gauche (je sens que je vais susciter un immense débat sur la notion de libéralisme de gauche...) se sont contentés de reprendre les dépêches de presse : Timothée Atouba s'est mal comporté mercredi soir. C'est une bien mauvause image du football qu'il montre là, le jeune garçon. Les deux quotidiens ne se privent pas par ailleurs de montrer Atouba "en pleine action".
Le quotidien L'Equipe, de l'autre côté du Rhin, nous raconte une toute autre histoire. Il est possible de se procurer l'édition du jour à la gare de Düsseldorf pour la modique somme de 2,00 euros, contre 0,80 euros en Métropole. C'est parfois rageant, vu l'épaisseur du canard certains jours.
L'Equipe donc donne sa version de l'affaire Atouba, en publiant une interview du joueur. La photo qui illustre l'article montre le joueur de Hambourg quelque peu désemparé, les bras à l'horizontal en signe d'interrogation. Un gros titre entre guillemets barre la page : "Une réaction à l'insupportable".
On apprend par le quotidien français que Timothée Atouba a été copieusement insulté par les supporters de son propre club durant tout le match en raison, semble-t-il, d'une prestation moyenne. Il parle de "cris, d'insultes". Il faut comprendre les imitations de cris de singe qui sont désormais monnaie courante dans certains Kops de supporters. Atouba explique même avoir été accroché par un de ses propres coéquipiers...
Le footballeur demande à sortir du terrain à la 69ème minute du match, ne pouvant plus continuer à jouer dans ses conditions. Son entraîneur refuse. Atouba ne céde pas. L'Equipe explique qu'il s'en prend alors violemment au staff de son équipe et aux fans qui l'insultent. Il est finalement expulsé du terrain... par l'arbitre. Le joueur d'origine camerounaise sera ensuite suspendu deux matchs par son propre club.
Morale de l'histoire (selon la presse française) ? C'est Atouba qui l'expose aux journalistes de L'Equipe : "... je suis suspendu deux matchs, décision prise par le directeur sportif ! Je lui ai dit que ce geste, c'était un signal d'alarme et qu'il doit tenter de le comprendre à défaut de l'excuser. En vous rangeant de cette manière du côté des fans, vous acceptez leur façon de s'exprimer. Dans l'avenir, vous n'allez plus engager de joueurs comme moi..."
Morale de l'histoire (selon la presse allemande) ? Ce sont les journalistes sportifs de Welt Kompakt qui nous la livre : "Die Undiszipliniertheit war für Atouba der Tiefpunkt eines Jahres, in dem er mehr Schlagzeilen durch Verletzungen und höhere Gehaltsforderungen machte als durch sportliche Taten". En traduction libre : "Cet acte indiscipliné a été pour Atouba le point d'orgue d'une année, durant laquelle ses blessures et ses exigences salariales ont plus souvent fait la une des journaux que ses exploits sportifs ".

03 décembre 2006

Düsseldorf in Burgund

Mon grand-père est un homme extraordinaire.

Profitant d'un périple fort bref ce jour en Bourgogne, il m'a remis non sans malice une de ses dernières trouvailles, chinée à une vente au bénéfice d'Amnesty International. Chaque année, rituellement, mon grand-père part à Autun participer à la foire aux livres d'Amnesty.

Des portes du Morvan, il m'a rapporté un ouvrage fort étrange, en trois langues, style BD, intitulé Schönes altes Düsseldorf, du totalement inconnu Heinz Peters. Le livre rassemble de belles images de Düsseldorf avant et après guerre, notamment de son centre historique alors encore épargné par la guerre et les bombes alliées.

Comme l'indique la couverture : "Ce livre réunit ce qu'il y a d'ancien et ce qu'il y a de beau à Düsseldorf". Autant dire que Heinz Peters aime les défis.


En feuilletant les 70 pages de l'ouvrage, une enveloppe s'est échappée. 10 cm sur 5, type carte de visite légérement grossie.

Une écriture un peu maladroite dessus, à l'encre noire: "Monsieur Eugène Midol Monnet". Je ne suis pas complétement sûr pour Midol.


J'ouvre naturellement l'enveloppe: "Vivent les années soixante dix !"


Juste quelques phrases, écrites avec un peu plus d'assurance, signées et datées du 13 mars 1970.