"Malgré les grands progrés que je fais en allemand, il est clair que j'y suis venu trop tard, et que je ne parlerai jamais cette langue comme le français. Je ne le regrette pas trop". Michel Tournier, "Le Roi des Aulnes".

23 novembre 2006

Köln, den 23. November um 18:35

Impression d'ambiance en gare de Cologne ce soir, après 10 heures de boulot face à un écran d'ordinateur.
Des militaires de la Bundeswehr - ou presque - à l'entrée de la gare et une meute d'anglophones hurlant à l'intérieur. L'impression que personne ne maîtrise rien, sauf le vendeur de Kölsch, non loin du distributeur automatique de billet.
Jeudi soir ? Soirée coupe UEFA. Cela ne risque pas de concerner Cologne, relégué en deuxième division il y a quelques semaines.
En remontant vers Düsseldorf, j'opte plus vraissemblablement pour Leverkusen. La ville n'est pas très loin de Cologne et le stade est tout près de la gare. Et le club du Bayer joue en coupe d'Europe, lui.
Je ne prends pas le train demain, mais la victoire de Tottenham ce soir 1 à 0 sur le terrain du Bayer est sans doute préférable pour tout le monde, surtout pour les usagers de la Bahn.

20 novembre 2006

Lettre à France-Ségolène

Chère Ségolène,

Les mauvaises langues écriront sans doute - dans la précipitation, ils sont déjà pardonnés - que je t'ai peu ménagé au cours de ces dernières semaines sur ce blog investi par les strauss-khaniens et autres partisans de Laurent Fabius.
A mon corps défendant, Ségolène !, à mon corps défendant ! J'ai dû opter durant le débat interne qui a eu cours au Parti socialiste pour une ligne social-démocrate et européenne. Que ce fût dur. J'ai souffert. J'ai été contraint d'écouter la rengaine sur la relance de la construction de l'UE par Strauss, la revalorisation des services publics par Fabius et d'autres trucs sur une croissance forte et juste par les deux mêmes.
Mais j'ai été patient. Je n'ai pas craqué. J'ai toujours cru en la force de nos Régions.

Et nous voilà enfin réunis, Ségolène. Toi, les militants. Débarrassés de ces deux ulibrius, et de tous les autres d'ailleurs, qui asphixiaient le Parti depuis tant d'années. Tu nous en débarrasses, Ségolène ?

Pas tout de suite ?

L'an prochain, alors ?

D'accord.

Ce sera bien, l'an prochain.


Un militant

17 novembre 2006

Der Dreikäsehoch

Dreikäsehoch, c'est une "demi-portion" en language populaire allemand. Plutôt dans son sens péjoratif d'ailleurs. Ainsi, il est préférable de ne pas aborder les autochtones par cette délicieuse appellation sous peine d'être soi-même transformé en Dreikäsehoch.
Plus gai, le mot signifie aussi "bout de chou". Le problème demeure néanmoins. Et je vous déconseille toujours d'aborder l'homme du cru par un amical Dreikäsehoch !, sans risquer le quiproquo (Das Quiproquo en Allemand, souvent le même qu'en France).
Mais Dreikäsehoch, c'est aussi le "gamin haut comme trois pommes". Et là, ça interpelle forcément. Outre-Rhin, on serait donc plutôt "haut comme 3 fromages" (Drei - Käse - Hoch).
Après de longues recherches, voici un début de réponse sur cette différence essentielle qui aura contribué à brouiller la compréhension mutuelle de nos deux peuples:

Dreikäsehoch
Die umgangssprachliche Bezeichnung "Dreikäsehoch", wird auch heute noch verwendet, um einem Kind, dass sich ein wenig zu sehr aufspielt klarzumachen, dass es doch noch ein wenig zu klein dazu ist. Der Begriff spielt auch tatsächlich auf die Höhe dreier aufeinandergestapelter Käseleiber an, die die "Gernegroßen" in der Regel nicht überschreiten. Korrekter wäre allerdings wohl eher die Bezeichnung Vierkäsehoch.

13 novembre 2006

Ni vu, ni connu

Les "rénovateurs" (pro-Montebourg) en campagne pour la candidature de Ségolène Royal nous prient d'insérer les articles suivants en vue d'étayer le débat ayant cours sur le présent blog:


Arnaud Montebourg dénonce la "marchandisation du soutien scolaire"
11 novembre

Suite à la diffusion d’une video où Ségolène Royal propose que les enseignants de collège combinent cours et soutien scolaire, Arnaud Montebourg, dénonce la "marchandisation du soutien scolaire". Le 10 novembre, il était sur Europe 1 dans l’émission Europe midi invité de Luc Evrard, voici le script de l’entretien.

Luc ÉVRARD Les débats officiels de la campagne interne au Parti socialiste sont clos depuis hier. Tout s’est passé dans le calme devant les militants à Toulouse, mais la campagne proprement dite se poursuit avec des méthodes pas toujours très glorieuses. Une vidéo pirate circule depuis hier sur Internet dans laquelle Ségolène ROYAL évoque devant les militants l’idée de contraindre les enseignants à faire 35 heures de présence effective dans les établissements scolaires. Proposition explosive s’il en est quand on connaît l’importance de la phalange enseignante au Parti socialiste. Brigitte BEJEAN. Ah, Brigitte BEJEAN n’est pas des nôtres mais Arnaud MONTEBOURG est avec nous. Bonjour.

Arnaud MONTEBOURG Bonjour.

Luc ÉVRARD Vous êtes porte-parole de Ségolène ROYAL. D’abord sur la forme : cette diffusion tardive d’un document pirate enregistré en janvier dernier à Angers, cela vous inspire quoi ?

Arnaud MONTEBOURG Ce sont des méthodes un peu curieuses, d’autant que dans une vidéo on peut choisir les passages, ne pas resituer dans le contexte. Ceci dit, ce qui apparaît est intéressant car Ségolène ROYAL évoque un pacte avec les organisations syndicales sur le métier d’enseignant, sur les méthodes de travail et sur la façon de différencier la pédagogie. De ce point de vue-là, ce qui est intéressant dans cette vidéo, c’est qu’elle pose le problème de la marchandisation des produits éducatifs et de l’éducation.

Luc ÉVRARD Oui, parce que ce que j’ai entendu, moi, en regardant cette vidéo, c’est aussi qu’elle met en cause les profs qui vont arrondir leur fin de mois dans des sociétés commerciales de soutien scolaire.

Arnaud MONTEBOURG Elle va surtout mettre en cause la façon dont se développent des soutiens privés d’entreprises qui sont, en effet, cotées en bourse et qui concernent aujourd’hui 2 milliards de chiffre d’affaires. 30 % de lycéens, 20 % de collégiens font appel à ces encadrements ou soutiens scolaires privés, ceux des parents qui peuvent se payer ce type de soutien ont plus de chance que les autres parents qui eux-mêmes n’ont pas ces moyens.

Luc ÉVRARD Est-ce que d’après vous c’est une bonne idée de doubler le temps de travail des profs ? 18 heures aujourd’hui de présence effective, je veux dire, 35 heures demain.

Arnaud MONTEBOURG La question se pose de la réévaluation dans un rapport de loyauté avec les organisations syndicales avant les élections, et non pas après les élections, par derrière. C’est une question qui sera posée et qui est dans le projet socialiste : comment faire en sorte, pour accompagner les élèves, différencier la pédagogie par un soutien adapté à ceux qui ont plus de difficultés. Dans certains établissements où il faudra qu’en effet le temps de présence des adultes, et notamment des professeurs particulièrement soit plus important, comment imaginer qu’une mesure générale de 17 heures ou 15 heures sur la totalité du territoire, on puisse imaginer à rémunération en contrepartie augmentée, des temps de présence différents ? C’est cette différenciation qui est au cœur de la reconstitution d’un pacte avec les enseignants. Vous savez, quand on veut reconstruire un service public qui est aujourd’hui en crise - en crise, d’ailleurs, morale mais aussi en crise de déficience car il y a trop d’enfants qui sortent du système scolaire sans diplôme et sans qualification, il faut le faire à partir de sa sève la plus forte qui est le monde enseignant.

Luc ÉVRARD Excusez-moi, je voudrais en placer une. Cela veut dire quand même qu’à terme, des enseignants seront obligés d’aller faire à charge d’emploi, c’est-à-dire sans rémunération complémentaire, ce qu’ils font aujourd’hui de manière plus lucrative.

Arnaud MONTEBOURG Je pense qu’il vaut mieux que le service public se renforce en proposant des formules de soutien scolaire, d’encadrement des élèves, différenciées, personnalisées plutôt que de laisser au privé le soin de développer ce type de service. C’est plus égalitaire.

Luc ÉVRARD Merci. Merci Arnaud MONTEBOURG, porte-parole de Ségolène ROYAL.

L’Agence France Presse a diffusé la dépêche suivante le 10 novembre après-midi:
PARIS, 10 nov 2006 (AFP) - Arnaud Montebourg, porte-parole de Ségolène Royal, a dénoncé vendredi "la marchandisation du soutien scolaire", suite à la diffusion d’une vidéo où la candidate à l’investiture socialiste Mme Royal propose que les enseignants de collège combinent cours et soutien scolaire. "Le soutien scolaire doit pouvoir avoir lieu non plus dans le privé (...) au frais des familles mais au contraire dans le service public de l’éducation, pour tous les enfant qui en ont besoin et gratuitement", a déclaré M. Montebourg à l’AFP. Il a relevé que Mme Royal évoquait dans cet enregistrement pirate "un pacte à la loyale avec les organisations syndicales d’enseignant avant les élections pour redéfinir les différents aspects du métier d’enseignants". "Elle a également évoqué le phénomène dangereux de marchandisation du soutien scolaire", a-t-il ajouté en rappelant que les "entreprises de soutien scolaire privées réalisent 2 millirads d’euros de chiffre d’affaires et concernent 30% des lycéens et 20% des collégiens, la principale étant cotée en bourse". "La question des conditions de travail des professeurs", de leurs "rémunérations et de leur revalorisation" et de leur "présence" dans les établissements font "partie des choses qu’il faut mettre sur la table", pour M. Montebourg.

11 novembre 2006

17 heures de cours et puis basta




L'équipe de campagne de Ségolène Royal a frappé un grand coup ces derniers jours.
En laissant filtrer (ou en publiant elle-même directement) cette vidéo où la candidate à l'investiture socialiste explique vouloir réformer l'école de manière révolutionnaire, l'entourage de Mme Royal a finement joué.
Après avoir écouté ses propos, qui peut encore avoir le moindre doute sur la manipulation du camp Royal ? Qui ne saurait adhérer - sauf à démontrer leur absence de vérité - à ses propositions ? Il semble en effet pour le moins discutable de voir des professeurs de l'enseignement public dispenser des cours de soutien dans des institutions privées, favorisant les familles ayant les moyens de s'offrir cette aide au détriment des autres.
Que Mme Royal ait le courage de ses opinions et de ses idées, qu'elle affiche ouvertement la couleur et ses convictions profondes. Ses propositions sur l'école méritent d'être débattues. Encore faut-il qu'elle les assume. Elle gagnerait un peu en crédibilité et je me déciderai peut-être alors à changer mon vote. Pour l'heure, la ficelle est un peu grosse (französischer Begriff).

10 novembre 2006

Odes à la Bahn

Mon viel ami Thomas me faisait remarquer il y a quelques jours ici même que je traitais insuffisamment de la question des transports publics, et notamment ferroviaires, dans ce blog.
Il avait sans doute raison et il convient sans délai de combler cette lacune. Même si le présent billet ne prétend pas aborder de manière exhaustive cette thématique aux multiples ramifications, j'essayerai de la façon la plus impartiale possible de vous exposer le grand bordel qui règne dans les gares allemandes.
Depuis mon arrivée outre-Rhin, soit un peu plus d'an, je ne me souviens pas avoir pris un seul train partant à la fois à l'heure dite et arrivant à l'heure prévue. Non, vraiment. La Deutsche Bahn - la SNCF nationale - réussit cet incroyable exploit de mécontenter à peu près 99,99 % de ses passagers. Mes déplacements à Cologne par des trains régionaux bondés, lents et arrêtés quasi-quotidiennement dix bonnes minutes à Leverkusen, ou pire, à 2 km de la gare de destination, ont achevé de me convaincre que les chemins de fer allemands se foutaient de ses concitoyens.

Ma triste expérience de ce jour mérite d'être exposée d'un strict point de vue comptable. Düsseldorf-Münster ( en temps normal 1h20 de trajet) : 35 minutes de retard à l'aller; 25 minutes au retour.

Fermer le ban, ou mieux, la Bahn...

09 novembre 2006

Münster, Lyon, 1944-1987

Il n'a pas été encore question ici de mes voyages hebdomadaires à Münster, où chaque vendredi j'ai le bonheur "d'introduire au droit français" une trentaine de jeunes étudiants allemands, sélectionnés entre autres pour leur compétence linguistique. Je rassure tout le monde - et notamment leurs parents - les cours sont délivrés en V.O., soit en français. Demain, j'ai espoir de terminer l'Ancien Régime et d'aborder la Révolution et l'époque contemporaine. En deux fois 45 minutes, c'est un challenge.
L'université de Münster a une certaine réputation en Allemagne. Les grandes universités ne sont pas toutes à Berlin, même si celle de la capitale bénéficie d'une indiscutable aura. On ne peut qu'aimer Münster. Tout porte à croire que ette ville a été conçue pour son université. Et j'éprouve toujours un regret de ne pas avoir étudié là.
Lors de mon précédent voyage il y a quelques jours, pour le premier cours, j'ai un peu cherché mon chemin avant de retrouver les bâtiments de l'université, ceux-ci étant situés au coeur de la vieille ville. L'arrêt de bus m'a immédiatement troublé : de grandes photographies légérement floutées de deux visages. J'avais reconnu assez vite Jacques Vergès. J'ai réalisé un peu plus lentement que l'autre visage était celui de Klaus Barbie. Etrange accueil. Il s'agissait en réalité du bâtiment des études de droit pénal de l'université. Les deux photographies ont été prises lors du procès de Lyon, en 1987. Vergès a l'air très jeune. J'ai toujours regretté à Lyon n'être jamais allé voir les vidéos du procès rediffusés au Musée de la résistance et de la déportation, rue Berthelot.
Et c'est à Münster que tout cela me revient. Demain, j'essayerai d'en savoir un peu plus sur ces deux grands placards.